Histoires et contes sur les fantômes chinois



Voici quelques histoires et contes sur les fantômes (gui) en Chine :

Une histoire, rapportée par Liu Yiqing, raconte comment le fantôme d'un homme qui venait de mourir était affamé et très maigre. Il rencontra soudain le fantôme d'un ami mort une vingtaine d'année avant lui et qui était bien gras ; il lui demanda s'il pouvait lui indiquer un moyen de se procurer de la nourriture pour apaiser sa faim : "C'est très facile, dit le fantôme de l'ami. Manifeste-toi parmi les hommes, ceux-ci auront peur et te donneront de la nourriture".

Il y avait à l'est du village une famille riche et puissante qui était bouddhiste. Le fantôme alla dans un hangar tourner la meule à la façon d'un humain. Le maître de la maison dit aux gens de sa famille que le Bouddha avait pitié d'eux et leur envoyait  un fantôme pour les aider et moudre leur grain. On apporta le blé et le fantôme moulut de nombreux boisseaux de farine, puis partit encore plus épuisé. Il retourna voir son ami et lui reprocha de l'avoir trompé ; celui-ci lui conseilla de faire un second essai. Cette fois, le fantôme alla chez un croyant taoïste et, voyant un pilon près de la porte, commença à pilonner, comme un humain. L'homme se dit qu'hier un fantôme avait aidé quelqu'un d'autre et qu'aujourd'hui c'était son tour, et il apporta du grain pour qu'il continue à pilonner mais ne lui donna rien à manger si bien que le fantôme partit encore plus affamé et fatigué.

Cette fois, il se mit en colère contre son ami :

- Tu m'as trompé, j'ai aidé des hommes deux hommes deux jours de suite et je n'ai rien obtenu à manger.
- Tu n'as pas eu de chance, répondit l'ami, car parmi ces deux foyers, l'un était bouddhiste, l'autre taoïste ; il est donc difficile de les émouvoir. Cherche une famille ordinaire du peuple pour faire une apparition et tu obtiendras sûrement quelque chose".

Le fantôme repartit, entra dans une maison et vit un groupe de femmes en train de manger devant la fenêtre. Comme il y avait dans la cour un chien blanc, il le prit dans ses bras et le fit avancer dans les airs. Les femmes terrorisées devant ce phénomène consultèrent un devin qui leur dit : "Il y a un fantôme qui cherche de la nourriture, sacrifiez-lui ce chien blanc et disposez dans la cour des offrandes de fruits, de vin, de mets et il ne se passera plus rien". La famille obtempéra et le fantôme put ainsi se nourrir. Dès lors il renouvela souvent ses apparitions comme son ami le lui avait appris.


Une des plus anciennes histoires de fantôme figure dans les Annales de Lü Buwei : " Au nord du royaume de Liang, à Liqiu, il y avait un gui (fantôme) étrange. Il aimait prendre l'apparence d'un fils, d'un neveu, d'un frère. Un jour, un habitant revenait ivre du marché. Le gui se transforma en sosie de son fils et, tout en le soutenant, l'insulta dans les pires termes. Rentré chez lui et une fois réveillé de son ivresse, l'homme s'emporta contre son fils :

-Je suis ton père, comment peux-tu me traiter ainsi!

-Malheur! dit le fils en se frappant le front sur le sol. Ce n'est pas vrai. Hier je suis allé recouvrer une dette au village de l'est. Vous pouvez interroger les témoins.

Son père le crut et pensa qu'il s'agissait sûrement du gui bizarre dont il avait entendu parler. Le lendemain, il alla de nouveau en ville, espérant le rencontrer et le tuer . Mais son fils craignant que, allant boire, il n'est encore de la difficulté à revenir, alla à sa rencontre. L'homme en voyant son fils, tira son épée et le tua, croyant qu'il était encore trompé par le gui".

Une autre histoire met en scène Confucius lui-même : Confucius s'arrêta un soir dans un temple, épousseta l'autel et s'y installa pour écrire. Un fantôme démoniaque aux cheveux défaits, à la langue pendante et aux canines protubérantes apparut. Confucius resta imperturbable et continua d'écrire. Vexé le gui voulut s'emparer de son pinceau et de son papier. Confucius lui flanqua une tape. Encore plus ulcéré, le démon alla trouver le roi des Enfers, Yanlo. Celui-ci voulut venir voir cet homme étrange. Il commença par essayer de l'effrayer en restant à l'extérieur. Comme rien n'y faisait, il entra et sortit une langue qui s'allongea jusqu'à l'autel. Confucius écrivit alors dessus le pictogramme "montagne", ce qui écrasa la langue de Yanlo. Puis, après lui avoir arraché la promesse qu'aucun démon ne viendrait plus troubler ce temple, il transforma le caractère pour "montagne" en celui qui veut dire "sortir" pour laisser partir Yanlo.

Une anecdote du livre de Yuan Mei relate aussi une histoire de fantôme : Zhang Balang avait une servante qu'il aimait mais, après son mariage, il l'abandonna. Elle en tomba malade et, sur le point de mourir, elle dit qu'elle ne pardonnerait pas à son amant. Quant elle eut fini de respirer, soudain elle rouvrit les yeux et dit : "Le destin le protège et ne me laisse pas la possibilité de me venger. J'attraperai son épouse, cela reviendra au même". Deux ans plus tard, l'épouse mourut en couches.

Une autre histoire raconte comment en 1750, le trésor impérial fut volé et beaucoup d'objets précieux en jade dérobés. On interrogea donc les gardes. Au cours de l'interrogatoire, un de ces gardes, Chang Ming, soudain changea de voix et avec celle d'un enfant dit "Les objets en jade n'ont pas été volés par Chang Ming. Par contre ce qui est vrai, c'est qu'il est un meurtrier et je suis l'âme de sa victime".

Le fonctionnaire qui menait l'enquête, effrayé, le défera aussitôt au ministère des Châtiments, où l'interrogatoire se poursuivit, et l'accusé ayant toujours la voix de la victime, déclara : "Je m'appelle Erge, j'ai à présent quatorze ans. Ma famille habite à Haidien, mon père s'appelle Lin Xingwang. L'année dernière au nouvel an, Chang Ming m'a emmené voir ses lanternes. Sur le chemin du retour, profitant de la nuit et d'un endroit isolé, il voulut me violer. Je me suis mis à pleurer et à crier, j'ai résisté de toutes mes forces et je lui ai dis qu'en rentrant je raconterai tout à mon père. Sous le coup de la colère, Chang Ming m'a étranglé avec sa ceinture et a caché mon cadavre en l'enterrant au pied d'une digue. Comme j'avais disparu, mon père soupçonnant Chang Ming, est allé porter plainte au ministère des Châtiments, mais l'affaire fut classée faute de preuves. Dès lors, mon esprit a toujours suivi Chang Ming, mais je ne pouvais m'en approcher à moins de trois ou quatre pieds, car j'avais l'impression qu'il était une boule de feu qui me brûlerait. Ensuite ce feu sembla diminuer, ce qui me permit de venir plus près de lui et aujourd'hui j'ai pu finalement prendre possession de son enveloppe charnelle".

L'enfant donna ensuite toutes les précisions sur le service du ministère des Châtiments qui avait reçu la plainte de son père et sur la date, ainsi que sur l'endroit où se trouvait son cadavre. Quand on déterra celui-ci, il n'était pas encore tout à fait décomposé et le père put l'identifier. Au cours de l'interrogatoire qui suivit , si l'on appelait le nom de Chang Ming, celui-ci semblait se réveiller d'un rêve et reprenait sa voix normale, et si on appelait Erge, il devenait comme hébété et répondait avec la voix de la victime. Chang Ming dut donc avouer et fut condamné à mort.Le jour de l'exécution, Erge, reprit possession de Chang Ming et cria à son père qui reconnut la voix de son fils : "je m'en vais". Ce furent les dernières paroles prononcées par l’intermédiaire de Chang Ming.

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